Après une pause de quelques jours, pour aller au Minnesota assister à l'enterrement de ma grand-mère, je reprends mon clavier pour vous donner quelques nouvelles.
Hier, c'était l'anniversaire d'Adnan. Il a passé une très bonne journée, se sentant assez spécial: je pense que le maillot de Chelsea et la nouvelle montre-chronomètre-alarme-minuteur, qui résiste à l'eau jusqu'à 50 mètres, avec une petite lumière, y sont pour quelque chose. C'est quand même un garçon qui se contente de peu, du moment qu'il se sent valorisé et entendu.
Très généreusement, Adnan m'a autorisé même à être absente le matin de son anniversaire, ce qui m'a permis de rester un peu avec ma famille lundi soir. Je devais néanmoins être à la maison mardi, le 9 juin, pour la sortie des classes à 15h20. Comme mon vol devait arriver à Edmonton à 13h10, c'était normalement chose faite. Sauf que... on ne prévoit jamais les sauf que...
En partant de Sioux Falls, Sud Dakota à 9h05 mardi matin (l'aéroport le plus proche, à 45 minutes de Pipestone), je devais faire escale à Minneapolis, pour reprendre l'avion à 11h25. Le vol dure normalement un peu moins de 3h: arrivée à Edmonton à 14h10, heure du Minnesota (central standard time), ou 13h10 heure locale (mountain standard time). Nous attendions dans l'avion depuis une heure déjà qu'on nous annonce que les toilettes ne fonctionnaient pas correctement et que nous ne pouvions décoller. Temps d'attente estimé: encore 40 minutes.
Du coup, je panique un peu: il risque de n'y avoir personne lors de l'arrivée des enfants à la maison. Crise.
N'ayant pas de portable au Canada, j'étais un peu dans la difficulté car je n'avais aucun moyen de contacter Tahar, pour qu'il soit à la maison à ma place. En plus, comme c'était un vol international, impossible de quitter l'avion pour téléphoner.
Ma voisine, très canadienne (esprit pratique et directe), me suggère d'aller voir le personnel, car c'étaient eux qui me mettaient dans la difficulté; c'était donc à eux de régler le problème. Je me dirige donc vers les hôtesses de l'air, qui m'envoient vers le chef de cabine, qui appelle l'agent de la porte d'embarquement... Peu de temps après, le chef de cabine revient vers moi, pour demander le message qu'on devait transmettre à Tahar, son numéro de téléphone, etc. Juste derrière lui, il y a le capitaine, son Blackberry à la main, qui me propose de me le prêter, ce qui serait, à son avis, bien plus pratique... J'ai donc téléphoné à Tahar avec le portable du capitaine... pas mal, quand même. J'avais un peu l'impression de frimer...
Je suis finalement arrivée en ville vers 15h30. En descendant de la navette, j'en ai encore pour 20 minutes de marche jusqu'à la maison. Tirant ma valise derrière moi, je me mets donc en route. Et qui est-ce je croise à mi-chemin, devant Sobeys? mes quatre garçons qui étaient partis à la recherche d'un gâteau d'anniversaire! Les retrouvailles ont été mignonnes...
Pour son anniversaire, Adnan avait invité deux voisins copains de l'école à passer manger du gâteau. Le premier, Avanash, est dans la classe d'Adnan et Ismaël; sa grande soeur, Afira, est au collège. Les enfants jouent quasiment tous les jours ensemble après l'école: comme Avanash et Afira ont grandi en Inde, ils jouent souvent au cricket. C'est ainsi que nos garçons sont devenus de véritables fans; Hadi veut même acheter de l'équipement pour continuer à s'entraîner après notre retour en France, même s'il ne connaît personne qui joue...
Très gentiment, Avanash et Afira avaient vite fait un tour chez Safeway avec leur maman acheter quelques cookies et des bonbons. Ce sont des enfants bien polis et gentils, et les garçons ont de la chance d'avoir des copains comme eux qui habitent juste en face. Ils sont arrivés au Canada il y a deux ans; leur parents ont demandé de s'y installer de manière permanente, ce qui serait une chance pour l'avenir des enfants.
J’essaie, tous les jours, de faire comprendre aux enfants la chance qu’ils ont de pouvoir venir passer quelques mois au Canada. On leur en parle, bien entendu, en termes de « opportunité » … on s’efforce de bien leur faire comprendre que tout le monde n’a pas la chance qu’ils ont d’aller vivre dans un autre pays, pour se faire plaisir.
J’essaie, également, de leur faire prendre conscience de combien ce lieu est beau et reposant, un peu différent de ce qu’ils ont connue jusqu’ici, même s’ils ont pu y goûter un peu l’été dernier chez mon père au Minnesota … J’essaie particulièrement de les faire ressentir l’aspect résidentiel et « small town » d’Edmonton. La tranquillité du quartier nous permet de leur accorder une liberté relative : ils peuvent jouer dehors après l’école avec les copains, libérés de toute contrainte de 15h30 jusqu’à 17h30, voire 18h …
La partie de la ville où nous habitons ressemble tellement à ce que j’ai connu quand j’étais enfant : les rangés de rues droites et tranquilles, les maisons avec leurs grandes fenêtres de devant (les
« picture windows ») ouvertes sur le monde qui passe, les alignements interminables d’arbres qui bordent les rues… On se sent en sécurité, n’ayant rien pour déranger la tranquillité et les jeux de l’enfance.
J’ai singulièrement l’impression de replonger dans mes vacances d’été d’enfance, lorsque je passais quelques semaines chez mes grands-parents à Pipestone, une petite ville du sud-ouest de l’état de Minnesota. Cette sensation a été retrouvée avec émerveillement récemment, lorsque je me suis rendue compte que, fait exceptionnel, tous ces arbres qui bordent les rues résidentielles sont en fait des ormes…
C'est une variété qui a maintenant quasiment complètement disparu du Minnesota, et des Etats-Unis en général. Cela doit faire bientôt une vingtaine d’années que j’ai vu mon dernier dans le sud-est du Minnesota, victime de la maladie des ormes et abattu dans le jardin de ma mère. J'en ai vu un ou deux depuis que nous nous sommes installés à Clermont. Et j'en ai repéré quelques survivants le week-end dernier, lors de mon passage à Pipestone.
Mais ici, à Edmonton, les ormes vivent toujours ! D'après mon guide sur la vie locale, intitulé « Edmonton, secrets of the city » (et j'y apprends des choses!), il existe à Edmonton quelques 60 000 ormes. C'est la population — sans maladie — la plus importante au monde. On estime leur valeur à $420 million (CAD)...
Je m’attends avec délice que les feuilles s'ouvrent complètement, afin de retrouver ces tunnels de fraîcheur et d’ombre, qui ornent le passage des jours d’été et des longs et bons moments passés dehors.
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Ah! Dacia,je te sens "au Paradis" et il me semble qu'il en faudrait peu pour que......
ReplyDeleteNon seulement toi, d'ailleurs mais les garçons également .Ce qui est drôle pour moi, dans les bienfaits des décalages horaires....c'est que j'écris à Tahar dès mon lever...alorsque lui est près de son coucher! Cette situation me délecte .
A Paris, après un début de mois de juin catastrophique côté météo, le beau ciel est enfin de retour, ce qui permet aux plantations, sur les balcons et sur la terrasse ,d'être en grande forme. Une pensée particulière pour celle d'Ismaël...et celles de Papalou (Deux plans de tomates-cerise et deux de petits poivrons) que nous avions été quérir sur les quais !!Depuis que les pélagornium(s) sont en fleurs, nous avons des visiteurs volants de toutes sortes, y compris cette année quelques papillons !!Quand la glycine sera en fleurs...j'imagine les rendez-vous !
Quand je suis arrivée à Paris en 1953, il y avait dans le quartier:des coccinelles, des hannetons, des papillons, toutes sortes d'insectes et d'oiseaus divers....,et ce jusqu'à Montrouge où l'on allait à pieds par des petits chemins...utilisés par des chevriers (Tahar aurait été ravi de voir les chèvres..) qui vendaient leurs fromages.. le périphérique les a repoussés dans un premier temps puis fait disparaître .Les petits potagers-ouvriers ont également disparus...à présent ce sont les grands immeubles qui ont fait disparaître les petits pavillons et qui nous barrent la vue.Mais comme il m'en faut plus pour déprimer.....je chante toujours !!
Nous sommes bien contents qu'Adnan ait eu un bel anniversaire....avec une maman retrouvée juste à temps .Vivent le commandant de bord, son portable et "son" avion !!
Bisous à tous et bonnes journées canadiennes....