Monday, June 29, 2009

29 June, 2009 : Récit de la visite aux bisons

Hier, dimanche, nous avons profité de la voiture pour aller visiter un parc national local, le « Elk Island National Park ». A 48 km à l'est d'Edmonton, cela nous semblait être une bonne sortie pour un dimanche après-midi. Surtout, nous étions attirés par la possibilité de voire des bisons en liberté.

A l'origine, le parc constituait un effort par le gouvernement canadien de préserver les troupeaux de bisons sauvages, qui avec les caribous, élans, étaient fortement menacés à la fin des années 1800. En 1906, le gouvernement fédéral a établi « Elk Park », qui est devenu un parc national en 1930. C'est le seul parc national au Canada à être entièrement entouré de barrières (2,2 mètres de hauteur).

A l'approche du parc, nous étions remplis d'espoir car de l'autre côté de la route, qui est un autre parc national (Cooking Lake), nous avons vu un élan qui avait l'air de vouloir traverser la route. Heureusement, elle (c'était une femelle) était coincée derrière le grillage et ne pouvait donc pas passer. Les voitures étaient nombreuses, et la collision avec un élan n'est pas tout à fait la même chose que de rouler sur un écureuil....

Nous avons ensuite opté pour une ballade de 1h30, car c'était la première sortie d'Adnan après avoir fait retiré son plâtre la semaine dernière.

Peu après notre départ, un premier succès: grâce à Adnan, nous avons aperçu un castor (un vrai!) qui était en train de se tailler un arbre pour ramener chez lui (que vous pouvez voir derrière les garçons).

Toujours remplis d'espoir, nous sommes repartis à la recherche de quelques bisons, un élan, ou quelques caribous. Peu importe! Mais à vrai dire, même si nous trouvions beaucoup d'indices, qui nous confirmaient bien que ces animaux étaient passés par là (et dont certains peu de temps auparavant, à voir par l'énorme bouse fraîche de bison juste derrière nous...), nous avons vu peu de choses.

A part ça... Trouvez-vous la grenouille???


Au retour, nous espérions tous revoir monsieur le Castor, mais à part les traces laissées par ses dents, lui non plus n'était pas au rendez-vous. Quelle déception!

En allant au travail lundi matin, Tahar a raconté à ses collègues notre visite, qui ont répondu que nous n'avions vraiment pas eu de chance, car normalement les bisons sont comme des vaches et viennent voir ce qui se passe...

Toutefois, tout n'était pas perdu car en sortant du parc, nous avons vu un coyote qui courait le long de la route, sûrement à la recherche de son prochain repas...

Pour terminer, je voulais vous faire part d'une dépêche que j'ai trouvée dans l'Edmonton Journal la semaine dernière: jeudi, 26 juin, une tornade a causé des dégâts à Provost, Alberta en arrachant quelques toits (c'est quand même à 332 km d'Edmonton...).

Mais ce que je voulais vous montrer, c'est la photo publiée dans l'article :


Est-ce que cela ne vous fait pas penser à la photo de l'orage que j'avais prise après la journée passée auprès des dinosaures, il y a deux semaines???

La seule différence, c'est qu'on voit que notre « nuage » ne touche pas le sol...

Saturday, June 27, 2009

27 June, 2009 : Les impressions de Hadi

Hourah! Enfin une partie qui m'est réservée (je n'étais pas jaloux, mais j'enviais un peu maman).

Pour cette première, je vais vous raconter notre voyage à Drumheller, la cité des dinosaures.

Le première chose dont je me souviens: la route. Vue de la voiture, elle semblait interminable. Le paysage devenait monotone. Heureusement, au bout d'une heure et demi, le paysage a changé:











A l'arrière plan, on distingue (je dis bien distinguer car il faudra sûrement des lunettes à certains d'entre vous!) des montagnes : la route passe entre elles. C'est le début des Badlands. Dix minutes après, le paysage change encore. Sur les collines, on peut voir les couches stratigraphiques.

Quelques minutes après, on arrive à Drumheller. Tout le monde pourrait croire que Drumheller est une petite ville normale, genre Far West. Normale? Pas tout à fait. Nous avons remarqué [NdR: partout dans les rues] une population de dinosaures faits de plâtre, et peints de couleurs bizarres.

Dès notre arrivée, nos estomacs criaient famine. Nous cherchâmes donc un restaurant pour trouver de quoi subsister durant l'après-midi à venir. Notre noble destrier-Toyota nous amena au bon endroit : un petit restaurant nommé "Gus' Corner Restaurant". Comme quoi, manger ça fait du bien:

Adnan avant ———————————————————> Adnan après


Après s'être rassasiés, nous sommes remontés dans la voiture pour aller voir les Hoodoos. Nous ne sommes pas restés très longtemps car le soleil tapait fort et tout le monde souffrait, sauf moi.
















Ensuite, nous sommes allés au pont suspendu qui traverse la rivière Red Deer [NdR: c'est ainsi que les ouvriers du début du siècle dernier accédaient aux mines de charbon en face]. Ismaël courrait sur le pont et le secouait pendant que moi, je regardais la rivière sous mes pieds.

Papa, lui, a trouvé du charbon [NdR: pendant que les autres s'amusent, T. fait toujours le géologue...]










Après ça, nous sommes retournés voir monsieur le dinosaure géant. En tant qu'aventuriers, nous l'avons escaladé pour ensuite nous retrouver... dans sa bouche!

Après cette aventure, nous sommes redescendus pour aller au Royal Tyrrell Museum, le musée des dinosaures. Le premier fossile impressionnant était celui du Tyranosaure Rex. Bien que je doute qu'il ne soit pas bien nourri, môssieur n'a pas pu s'empêcher d'avaler Adnan!

Plus tard dans la visite, nous [NdR: et surtout, D.] avons pensé bien fort à quelqu'un [mlou? G?] en voyant ces très belles (et très grosses) bestioles...











Sinon, tout s'est bien passé à l'école. Nous avons eu nos examens provinciaux sur toute l'avant dernière semaine de classes. Un livret contenant 50 questions à choix multiples.

Hier, le dernier jour d'école, on nous a rendu nos résultats. Voici les miens:

- Anglais: 82%
- Maths: 90%
- Sciences: 64%
- Ed. civique: 78%

En gros, des résultats très satisfaisants.

Le matin de la dernière journée, nous (les 6th grades) avons eu droit à une cérémonie au cours de laquelle on nous a remis un diplôme de passage au collège (la 6ème étant au niveau primaire du Canada).

Ensuite, l'après-midi, nous avons eu notre Fun Time, en gros, activité libre pendant deux heures. A la fin de la journée, j'ai dit au revoir à tout le monde et mon professeur m'a offert un livret-souvenir avec la photo de tout le monde dans l'école.

Bref, j'ai passé une fin d'année superbe.

J'espère que tout se passe bien de l'autre côté de l'océan et que vous aussi avez eu une bonne fin d'année de travail.

- Hadi

Friday, June 26, 2009

26 June, 2009 : Au revoir, les enfants

Aujourd’hui fut la dernière journée d’école des enfants. Grande journée… d’émotions, de bonheur, de plaisir. Ils sont super contents de leur séjour dans une école canadienne, où ils se sont bien adaptés, ont fait plein de copains et se sont sentis bien à l’aise. Et puis, comme l’école est bien plus « facile » (journée moins longue, travail moins ardu, attitudes des enseignants plus positives et valorisantes) que l’école en France… une raison de plus pour aimer !

En les récupérant hier après-midi, je les ai aussi trouvés un peu triste… l'émotion était palpable. Comme a constaté Ismaël avec beaucoup de lucidité, en France, on retrouve les copains à la rentrée, mais ici, ils ne reverront peut-être plus jamais les copains. Hadi s’était retrouvé mêlé pour la deuxième fois de sa vie à la nostalgie des enfants de fin de cycle : d'abord en France, en fin de CM2, et maintenant au Canada, où la sixième fait encore partie de l’école primaire. Il a même reçu un certificat de fin de cycle, comme tous ses camarades de classe, le félicitant de sa réussite. Son prof lui a fait cadeau d’un livret de l’école avec les photos de tous les enfants, qu’il lui a dédicacé en lui laissant son adresse mél…

En plus, pour peut-être la seule fois de leur vie, ils auront eu le privilège de passer en classe supérieur DEUX fois dans l’année ! C’est mignon car l’école les a traités comme si de rien n’était, et leur a préparé des évaluations de fin d’année, m’appelant à la maison pour savoir s’ils devaient leur prévoir des places dans les classes pour l’an prochain. Hadi a même reçu ses notes des examens provinciaux de fin d’année… Dans l’ensemble, de très très bons résultats pour tous, une raison de plus d'apprécier le temps passé ici.

Moi, qui à une certaine époque, il y a deux, trois ans, les trouvais bien plus ‘français’ qu’américains, dans leurs comportements et attentes, dois me rendre à l’évidence que les quelques graines semées pendant les années ont bien pris racine.

Ils lisent tous désormais couramment en anglais, ayant acquis d’excellentes bases pour la suite en anglais. Ils ont même pris l’accent d’ici… surtout Ismaël et Adnan. C’est bien drôle de les écouter et de discuter avec eux désormais de la prononciation des mots. Je les taquine… « tu prononces ça comme ça??? » Les différences entre leurs accents et le mien sont remarquables. Quant à Hadi, son prof lui trouvait un accent « bizarre ». « Oh ? » ai-je dit quand il me racontait. « Oui, on a travaillé sur les accents canadiens en classe aujourd’hui, et Mr. Ennis me trouve un accent en anglais un peu ‘norvégien’… il trouvait ça bizarre. » Je me suis éclatée de rire, en lui rassurant que son anglais était parfaitement normal, car c’est mon accent du Minnesota qu’il reproduit… !

Ils ont clairement dépassé le stade où j’étais la source principale de leur anglais…

Et maintenant, pour la grande nouvelle : nous avons décidé de ne pas revenir en France … non, mais je blague ! Après les émotions d’hier, les garçons avaient décidé qu’ils aimeraient rester ici pour toujours, mais en vous emmenant tous avec nous …

« Mais » ai-je répondu, « il faudrait leur trouver des maisons, des boulots, de l’assurance médicale… »

« Oui » a fait remarqué très justement Ismaël. « Il nous faudrait beaucoup d’argent. Il faudrait que nous soyons des millionnaires ! »

Sunday, June 21, 2009

21 June, 2009 : C’est la jungle

On m’a récemment fait remarquer dans les commentaires que je vous laisse toujours dans le noir quant à nos progrès: avons-nous trouvé de la corde à linge? le nouveau chien s’appellerait désormais Ecco et non Elek? Hadi fait-il du cheval?

Mes excuses! Cela fait déjà plusieurs semaines que nous avons trouvé de la corde à linge – le jour où nous avons acheté notre barbecue. C’est une chose d’avoir de la corde à linge, mais sans pinces à linge… Encore deux ou trois semaines se sont écoulées avant d’en avoir trouvé, un jour, chez IKEA (des en plastique, en noir et en rouge) … mais comme je commence à avoir la mémoire courte, j’en ai ‘re-trouvé’ le week-end dernier lorsque j’ai fait les courses avec les garçons. « Ah ! » me suis-je exclamée en les voyant, cette fois-ci en bois, ce qui a fait sursauter les garçons. « Quoi ? Quoi ? » ont-ils répondu à leur tour. « Regardez! des pinces à linge ! » Victoire…

Tahar était mort de rire quand il les a vues à son retour de Zurich … lui, qui a apparemment la mémoire moins courte que la mienne, se souvenait qu’on en avait déjà.

Maintenant, il nous reste à trouver de la place dehors… ce ne sera pas chose facile. Malgré tout nos efforts, le jardin s’entête à garder son état sauvage. On passe notre temps à arracher, à désherber… J’ai même mis Hadi, Adnan et Ismaël à contribution (contre une petite somme d’argent de poche…) car je n’en pouvais plus. Hadi, après avoir passé deux heures à désherber samedi, a regardé par la fenêtre dimanche matin, tout étonné et un peu dégoûté de constater que ça avait déjà repoussé…

J’ai un peu laissé tomber. Que faire d’autre ?

Je laisse donc « la jungle » au roi…

A la place, Tahar a curé le bassin, qui en avait grand besoin...















et a trouvé une astuce pour remettre de l’eau qui s’évapore.



Puis, nous avons acheté dix petits poissons rouges pour le bassin, histoire de nous amuser un peu dans ce jardin… Avec eux, j’ai découvert un nouveau jeu (si c'en est un): lorsque je nettoie le bassin avec le filet le soir, ils donnent désormais l'impression de venir au contact, alors que jusqu'ici ils se cachaient. Ils chassent le filet! Au début, j'ai cru que je l'imaginais, mais je l'ai répété tant de fois que j'ai dû me rendre à l'évidence: ils sont curieux de savoir ce que c’est, et nagent plus vite derrière pour le rattraper. C'est trop!

Monday, June 15, 2009

15 June, 2009 : La vallée des dinosaures


Hier, dimanche, nous avons fait notre première ‘grande’ excursion. Destination: Drumheller, Alberta, à environ 300 km au sud-est d’Edmonton (indiqué sur la carte par le drapeau rouge)

C’est dans cette partie du Canada que l’on a trouvé les fossiles de dinosaures parmi les plus impressionnantes au monde. En grande partie à cause de la nature du sol, les fossiles de ces grandes créatures du jurassique et du crétacé (de moins 65 à moins 213 millions d’années) ont été exposé aux éléments et découverts par des explorateurs/chercheurs de fossiles à partir des années 1900.

C’était donc une sortie pédagogique qui était susceptible de plaire à tout le monde, et nous avons pris la route avec beaucoup d’anticipation. Nous avons traversé des contrées assez variées, ressemblant tantôt à la sécheresse plate du Sud Dakota, tantôt au plat du Minnesota central, un peu plus vert mais toujours aussi plat à vue d’oeil à cause du passage écrasant des glaciers, puis la partie nord du Minnesota, plus vallonnée avec des pins. Enfin, nous sommes entrés dans une zone topographique inconnue de nous deux, remplie de plein de petites bosses assez marrantes. C’était en fait le début des « Badlands » canadiens, avec une route qui filait tout droit jusqu’à l’horizon.

Après trois heures de route, c’est donc avec un soulagement palpable que l’on commence enfin la descente vers la vallée des dinosaures, dessinée par le Red Deer River, au bord de laquelle se situe de ville de Drumheller. Nous avons tenté de prendre des photos de notre arrivée, pour vous rendre compte de notre émerveillement, mais elles ont été peu concluantes, finalement, par rapport à la beauté des lieux .





Après une pause midi au « Gus’ Corner Restaurant », où nous avons mangé de bons hamburgers, des hotdogs et des frites cuites à la perfection, nous avons entrepris l’exploration de la ville.

Encore une fois, les rues sont larges...



mais c’est fois-ci, la ville est entourée de ces collines que nous avons vues lors de notre arrivée.


La première destination, au grand regret des enfants, n’était pas « le dinosaure le plus grand du monde » (ça, c’était pour après)…


mais les « Hoodoos », des espèces de cheminées de fées, vénérés par les peuples natifs. On considère que les Hoodoos renferment des esprits, et en expliquant leur signification aux Blancs, qui parlaient de « voodoo », le rapprochement fut fait.

Mais comme il faisait très très chaud, et l'on commençait tous à souffrir d’être exposés au soleil, nous avons dû quitter ce beau site au bout d’une heure seulement, sans avoir pu tout explorer.



















Après nous être rafraîchis un peu dans la brise de la rivière, sur un pont suspendu ....


nous avons enfin entrepris de grimper en haut du plus grand dinosaure du monde...
























































Après cet arrêt qui a fait la joie de certains (voyons, de tous !), nous nous sommes dirigés vers le « Royal Terrell Museum of Paleontology », où des centaines de fossiles retrouvées sur le continent nord-américain sont exposées. Le tout était extrêmement bien présenté et pédagogique : là, aussi, tout le monde a trouvé son compte.

En conclusion il est clair que Drumheller et ses environs est un coin extrêmement riche en choses à voir. Il est également clair qu’une demie journée est largement insuffisante pour tout faire : nous avons dû, à mon grand regret, faire l’impasse sur le « Horsethief Canyon ». Oui, comme son nom l’indique, c’était un canyon utilisé par des voleurs de chevaux venus des Etats-Unis, qui y cachaient les chevaux, en route pour le nord de la province.

Puis, c’était le moment du retour…


Dans le calme de la voiture, nous avons résumé la journée, en recomptant les différents animaux sauvages rencontrés lors de cette sortie, aperçus depuis la voiture (des canards de toute sorte, des « red-winged blackbirds », des cerfs, un troupeau de bisons, un coyote…)

Après une aussi bonne journée, les nuages noirs qui nous attendaient à l’horizon ne pouvaient que faire partie de cette belle aventure… Et non, malgré les apparences, ce n'est pas une tornade qui nous attend, mais une bonne averse, juste ce qui fallait pour laver la voiture de tous les insectes ramassés au fur et à mesure de cette petite échappée...

Wednesday, June 10, 2009

10 June, 2009 : Miracle sur Elm Street

Après une pause de quelques jours, pour aller au Minnesota assister à l'enterrement de ma grand-mère, je reprends mon clavier pour vous donner quelques nouvelles.

Hier, c'était l'anniversaire d'Adnan. Il a passé une très bonne journée, se sentant assez spécial: je pense que le maillot de Chelsea et la nouvelle montre-chronomètre-alarme-minuteur, qui résiste à l'eau jusqu'à 50 mètres, avec une petite lumière, y sont pour quelque chose. C'est quand même un garçon qui se contente de peu, du moment qu'il se sent valorisé et entendu.

Très généreusement, Adnan m'a autorisé même à être absente le matin de son anniversaire, ce qui m'a permis de rester un peu avec ma famille lundi soir. Je devais néanmoins être à la maison mardi, le 9 juin, pour la sortie des classes à 15h20. Comme mon vol devait arriver à Edmonton à 13h10, c'était normalement chose faite. Sauf que... on ne prévoit jamais les sauf que...

En partant de Sioux Falls, Sud Dakota à 9h05 mardi matin (l'aéroport le plus proche, à 45 minutes de Pipestone), je devais faire escale à Minneapolis, pour reprendre l'avion à 11h25. Le vol dure normalement un peu moins de 3h: arrivée à Edmonton à 14h10, heure du Minnesota (central standard time), ou 13h10 heure locale (mountain standard time). Nous attendions dans l'avion depuis une heure déjà qu'on nous annonce que les toilettes ne fonctionnaient pas correctement et que nous ne pouvions décoller. Temps d'attente estimé: encore 40 minutes.

Du coup, je panique un peu: il risque de n'y avoir personne lors de l'arrivée des enfants à la maison. Crise.

N'ayant pas de portable au Canada, j'étais un peu dans la difficulté car je n'avais aucun moyen de contacter Tahar, pour qu'il soit à la maison à ma place. En plus, comme c'était un vol international, impossible de quitter l'avion pour téléphoner.

Ma voisine, très canadienne (esprit pratique et directe), me suggère d'aller voir le personnel, car c'étaient eux qui me mettaient dans la difficulté; c'était donc à eux de régler le problème. Je me dirige donc vers les hôtesses de l'air, qui m'envoient vers le chef de cabine, qui appelle l'agent de la porte d'embarquement... Peu de temps après, le chef de cabine revient vers moi, pour demander le message qu'on devait transmettre à Tahar, son numéro de téléphone, etc. Juste derrière lui, il y a le capitaine, son Blackberry à la main, qui me propose de me le prêter, ce qui serait, à son avis, bien plus pratique... J'ai donc téléphoné à Tahar avec le portable du capitaine... pas mal, quand même. J'avais un peu l'impression de frimer...

Je suis finalement arrivée en ville vers 15h30. En descendant de la navette, j'en ai encore pour 20 minutes de marche jusqu'à la maison. Tirant ma valise derrière moi, je me mets donc en route. Et qui est-ce je croise à mi-chemin, devant Sobeys? mes quatre garçons qui étaient partis à la recherche d'un gâteau d'anniversaire! Les retrouvailles ont été mignonnes...

Pour son anniversaire, Adnan avait invité deux voisins copains de l'école à passer manger du gâteau. Le premier, Avanash, est dans la classe d'Adnan et Ismaël; sa grande soeur, Afira, est au collège. Les enfants jouent quasiment tous les jours ensemble après l'école: comme Avanash et Afira ont grandi en Inde, ils jouent souvent au cricket. C'est ainsi que nos garçons sont devenus de véritables fans; Hadi veut même acheter de l'équipement pour continuer à s'entraîner après notre retour en France, même s'il ne connaît personne qui joue...

Très gentiment, Avanash et Afira avaient vite fait un tour chez Safeway avec leur maman acheter quelques cookies et des bonbons. Ce sont des enfants bien polis et gentils, et les garçons ont de la chance d'avoir des copains comme eux qui habitent juste en face. Ils sont arrivés au Canada il y a deux ans; leur parents ont demandé de s'y installer de manière permanente, ce qui serait une chance pour l'avenir des enfants.

J’essaie, tous les jours, de faire comprendre aux enfants la chance qu’ils ont de pouvoir venir passer quelques mois au Canada. On leur en parle, bien entendu, en termes de « opportunité » … on s’efforce de bien leur faire comprendre que tout le monde n’a pas la chance qu’ils ont d’aller vivre dans un autre pays, pour se faire plaisir.

J’essaie, également, de leur faire prendre conscience de combien ce lieu est beau et reposant, un peu différent de ce qu’ils ont connue jusqu’ici, même s’ils ont pu y goûter un peu l’été dernier chez mon père au Minnesota … J’essaie particulièrement de les faire ressentir l’aspect résidentiel et « small town » d’Edmonton. La tranquillité du quartier nous permet de leur accorder une liberté relative : ils peuvent jouer dehors après l’école avec les copains, libérés de toute contrainte de 15h30 jusqu’à 17h30, voire 18h …

La partie de la ville où nous habitons ressemble tellement à ce que j’ai connu quand j’étais enfant : les rangés de rues droites et tranquilles, les maisons avec leurs grandes fenêtres de devant (les
« picture windows ») ouvertes sur le monde qui passe, les alignements interminables d’arbres qui bordent les rues… On se sent en sécurité, n’ayant rien pour déranger la tranquillité et les jeux de l’enfance.

J’ai singulièrement l’impression de replonger dans mes vacances d’été d’enfance, lorsque je passais quelques semaines chez mes grands-parents à Pipestone, une petite ville du sud-ouest de l’état de Minnesota. Cette sensation a été retrouvée avec émerveillement récemment, lorsque je me suis rendue compte que, fait exceptionnel, tous ces arbres qui bordent les rues résidentielles sont en fait des ormes

C'est une variété qui a maintenant quasiment complètement disparu du Minnesota, et des Etats-Unis en général. Cela doit faire bientôt une vingtaine d’années que j’ai vu mon dernier dans le sud-est du Minnesota, victime de la maladie des ormes et abattu dans le jardin de ma mère. J'en ai vu un ou deux depuis que nous nous sommes installés à Clermont. Et j'en ai repéré quelques survivants le week-end dernier, lors de mon passage à Pipestone.

Mais ici, à Edmonton, les ormes vivent toujours ! D'après mon guide sur la vie locale, intitulé « Edmonton, secrets of the city » (et j'y apprends des choses!), il existe à Edmonton quelques 60 000 ormes. C'est la population — sans maladie — la plus importante au monde. On estime leur valeur à $420 million (CAD)...

Je m’attends avec délice que les feuilles s'ouvrent complètement, afin de retrouver ces tunnels de fraîcheur et d’ombre, qui ornent le passage des jours d’été et des longs et bons moments passés dehors.

Friday, June 5, 2009

5 June, 2009 : Ça caille!

J'avais prévu de vous parler d'autre chose aujourd'hui, mais le temps s'impose de nouveau comme sujet d'actualité. Il avait été prévu qu'il pleuve aujourd'hui, toute la journée — eh bien, promesse tenue. Mais on avait prédit 10° dans la journée... ha! Il n'a pas dépassé 3°... encore 2° de moins et on aurait pu avoir de la neige. Apparemment il fait 6° de plus à Edmonton qu'aux environs, et cela fait plusieurs jours qu'il gèle la nuit à la campagne.

Ce temps plus que frais, au début du mois de juin (mois de juin, mois des anniversaires: Laurence je te souhaite un joyeux anniversaire par anticipation!), alors qu'il fait beau et chaud chez vous (enfin, presque! Je viens de jeter un coup d'oeil sur les prévisions météo pour Cl-Fd ce week-end: vous êtes gâtés!). Mais il est vrai que le temps que nous avons eu ici ces derniers temps a été très agréable pour dormir: il fait frais la nuit comme une fin d'août. Tout de même, je crains que l'on rate "l'été" cette année.

En effet, l'autre jour je feuilletais un guide sur la ville d'Edmonton, et j'ai appris que même aux mois les plus chauds, la température moyenne ne dépasse pas 23°! (Je suis désolée; je n'ai pas réussi à agrandir l'image plus. Vous pouvez bien entendu cliquer dessus pour avoir le détail):

Ce tableau vous raconte plein de choses sur le climat d'Edmonton: par exemple, en hiver, la valeur minimale en janvier -16° C "en moyenne", la valeur maximale étant -7°. La valeur maximale de la moyenne annuelle est de 9°!

Il fait froid ici, mais au moins, il fait jour... longtemps. Tellement qu'il nous arrive souvent (quasiment tous les jours, en fait) de nous faire surprendre le soir par l'heure : zut! il est 20h, et on n'a pas encore mangé! zut! il est quasiment 22h, et les enfants ne sont pas encore couchés! Comme pendant les vacances d'été...

L'autre nuit, peu de temps après qu'Adnan s'était cassé le bras, j'ai dû descendre à la cuisine lui chercher un calmant. Il devait être 3h45... Le temps que je remonte, lui donne son médicament, et me recouche, il ne s'était pas écoulé 10 minutes... les oiseaux étaient déjà en train de chanter, et je voyais le jour à travers la grosse couette que nous avons dû mettre sur la fenêtre la nuit pour occulter un peu plus notre chambre... Epatant.

A titre de comparaison, à Clermont il fait jour 1 797 heures sur l'année; à Paris, 1 907 heures. Et à Edmonton, il fait jour 2 299 heures sur l'année.

Au moment du solstice, la durée du jour est de 17 heures et 6 minutes, sans qu'il fasse vraiment nuit. Il paraît même qu'on peut voir les aurores boréales dans les environs, assez facilement après le coucher du soleil...

Tuesday, June 2, 2009

2 June, 2009 : Edmonton, capitale du crime

Il y a maintenant deux semaines, je vous avais parlé d'un coup de fil particulièrement désagréable que j'avais reçu de la part de la principale de l'école des garçons, qui m'informait qu'Adnan et Ismaël seraient renvoyés de l'école s'ils n'arrêtaient pas de se battre en classe... J'avais été frappée par la rigidité de cette réponse, qui en quelque sorte, « se lavait les mains » des problèmes des garçons et passait rapidement le bâton de relais à la famille. Quand même, être expulsé de l'école, alors qu'il n'y avait pas eu de sang, ils ne s'étaient pas battus avec d'autres enfants, etc.

J'avais terminé le post en me demandant si les canadiens n'avaient pas une toute autre attitude envers la liberté des comportements, que les français : que certaines libertés sont encouragées, voire développées, comme témoignent les observations de Hadi envers la liberté à l'école (liberté de penser, liberté de s'exprimer, liberté de jouer), mais que cette liberté se payait dans les restrictions d'autres comportements, comparés à « l’individualisme à la française ».

Tout d'abord, voici les dernières nouvelles, puisqu'on m'a fait remarquer que j'entame souvent des sujets pour vous laisser ensuite dans le suspens (la corde à linge, c'en est où???).

Après le coup de fil de l'école, vous avez bien compris qu'Adnan et Ismaël étaient dans le collimateur... le mien, en l'occurrence, puisque c'est moi qui travaille à la maison et qui aurais le « plaisir » de les garder. Heureusement, ils ont compris qu'ils n'avaient pas le choix, que se disputer à l'école n'était pas une option. Point final. Tout de même, je leur accorde désormais dix minutes en fin de journée, après l'école, pour se disputer et régler leurs problèmes, s'ils en ont besoin.

Enfin bref, ça a l'air d'avoir marché parce que lorsque je suis allée voir la maîtresse une semaine après, elle était émerveillée: plus de disputes du tout. Elle avait l'air un peu impressionnée par mes capacités parentales! « Je ne sais pas ce que vous leur avez dit, mais, ça marche! Continuez! » Je ne lui ai pas avoué, bien entendu, que je les avais menacés de leur vie... (non, mais je blague!... un peu).

Mais, regardons donc l'environnement culturel qui a incité l'école à ne tolérer aucun dépassement de comportement « civilisé ». Une explication simple serait qu'ils avaient pris la mesure de la différence culturelle de nos enfants, et avaient conclu que la chose serait plus vite réglée par les parents...

Il est quand même intéressant de constater que les Edmontoniens semblent tétanisés par une explosion récente de la violence dans leur ville — une ville qui ressemble beaucoup, dans les zones résidentielles, à une petite ville nord-américaine, rurale et tranquille. Ça me rappelle beaucoup le Minnesota de mon enfance, les petites villes aux alentours des “Twin Cities” (Minneapolis et Saint Paul) ainsi que la petite ville de Pipestone, où ma grand-mère a passé sa vie, où mes parents sont nés et ont grandi, et où, gamine, je passais mes vacances d'été. C'est donc peu dire que je me sens parfaitement à l'aise ici, et que les garçons y trouvent également leur compte, étant « culturellement » un peu américains, aussi.

Depuis le boom de ces quinze dernières années, l'Alberta, comme partout, était en croissance, alimentée en grande partie par les recettes tirées de l'exploitation du pétrole. La ville d'Edmonton, qui est la capitale provinciale, est la ville la plus importante dans la moitié nord du province (pour mieux voir la carte, cliquez dessus pour l'agrandir, puis sur la flèche 'retour en arrière' pour revenir à cette page). Pendant la période d'expansion économique, donc, beaucoup de gens étaient donc venus chercher de l'emploi. Mais au fur et à mesure que les emplois disparaissent, Edmonton se retrouve avec une population qui est devenue plus hétéroclite socio-économiquement, mais dont certaines parties sont en difficulté. Un des plus grands problèmes d'Edmonton d'aujourd'hui, c'est le marché de la drogue. Ce marché est la cause de beaucoup de violences, que ce soit entre dealers, ou par des jeunes qui commettent des crimes afin de se procurer de l'argent.


Cette violence touche le centre ville également. Voici une petite carte préparée par Tahar qui vous montre notre zone de déplacements à pied: Le point rouge = la maison, avec l'école en face (bien sûr, vous pouvez cliquer sur cette image, aussi!). Le labo est au nord avec un trajet soit par tram (en bleu foncé, compter 5 minutes) soit à pied (en bleu clair, compter 20 minutes). Maintenant, nous pouvons également vous montrer l'hôpital (!), indiqué par le carré rose au milieu du trajet de Tahar.... Sur Whyte Ave, S1 est notre premier supermarché (Sobeys), S2 est notre deuxième (Safeway). R = le restaurant (le « diner ») où nous avons mangé tous les samedi depuis notre arrivée, et M = le marché qui nous avait creusé notre budget le premier week-end. Il faut compter à peu près 20 minutes pour y arriver à pied depuis la maison.

Ch = c'est Chinatown, un endroit que nous avons exploré le deuxième week-end, où nos petits chéris avaient été horrifiés et apeurés à cause des gens, à l'air “dangereux”, qu'on a croisés. J'ai dû vivement disputer Adnan qui a failli se faire attaquer par des drogués, parce qu'il n'arrêtait pas de les fixer des yeux, hébétés par leur comportement... Ceci dit, le quartier en soi n'est pas 'pourri' : ma collègue qui travaille à l'Université d'Alberta y va toutes les semaines faire ses courses (c'est bien moins cher que chez nos supermarchés), et notre propriétaire vit à deux pas du supermarché asiatique, devant lequel j'ai quand même réussi à prendre les garçons en photo. Elle avait l'air amusée quand je lui racontais l'affolement de nos garçons, habitués à l'environnement calme et protecteur de Chamalières...

Maintenant, vous pouvez comparer ces déplacements à la carte suivante (notre maison est indiquée par le point rouge sur 114 St NW):



Plusieurs personnes nous ont prévenu, dès notre arrivée, qu'il fallait éviter Whyte Avenue (aussi appelée 82 Ave NW) après la tombée de la nuit, car des bandes de jeunes descendent sur le quartier, soit pour se soûler dans les pubs, soit pour s'attaquer aux passants afin de leur voleur de l’argent pour acheter de la drogue. Une histoire récente concernait un reporteur de l'Edmonton Journal, journaliste sur la violence et les crimes à Edmonton, qui s'est lui-même fait attaqué par une bande de jeunes alors qu'il rentrait chez lui à 1h du matin...

Vous pouvez lire le reportage au lieu suivant: http://www.edmontonjournal.com/opinion/have+never+felt+alone/1599302/story.html

Il y a donc clairement un problème à Edmonton. Mais la violence urbaine n'est pas, hélas, un fait rare aujourd'hui. Néanmoins, Edmonton a reçu le titre, en 2006, de “Capitale du Crime du Canada”, c'est à dire, la ville où il y a eu le plus de meurtres à travers tout le Canada.

Mais pas si vite. Avant que vous ne vous affoliez pour nous, il faudrait relativiser un peu. Avec Tahar, nous avons effectué quelques recherches, interpellés par cette fixation des Edmontoniens sur l'insécurité. Nous avons appris que pour l'année en question, il y a effectivement eu 39 meurtres à Edmonton. Comparons maintenant ce chiffre aux cousins du sud, et nous nous rappelons aisément le message du film de Michael Moore (Bowling for Colombine), qui malgré quelques défauts, pointe bien une différence entre le nord et le sud de l'Amérique du Nord (voir http://www.worst-city.com/Murder-Rate-in-US-Cities-worst-state-city-for-shootings-murders.htm):


Ce tableau identifie les villes les plus meurtrières aux Etats-Unis, avec le nombre d'assassinats par an, pour 100,000 habitants. Numéro 1: Compton, Californie, dans la banlieue de L.A., compte, par exemple, 67,1 assassinats pour 100 000, avec une population de 94 425 habitants en juillet 2007. Le numéro 2 sur la liste est la ville de Gary, Indiana, avec 58 meurtres par an pour 100 000, avec une population de 102 746 habitants en 2000.

A titre de comparaison, Edmonton compte environ 750 000 habitants. Ce chiffre fatal de “39” est donc à diviser par 7,5, ce qui fait 5,2 assassinats pour 100 000 habitants pour l’année où Edmonton a tenu le titre de « Crime capitale of Canada ». Pas très impressionnant, même comparé à la ville américaine à la 100ème place: Newport News, Virginie, avec 10,8 assassinats pour 100 000 habitants (pop., 2000: 180 150) . Même mon cher Minneapolis se trouve à la 75ème place, avec 12,5 meurtres pour 100 000 (soulagement quand même: ma ville natale, St Paul, ne se trouve pas sur la liste!)

Tout ceci laisse donc l'impression que la ville d'Edmonton, plutôt “petite ville” en mentalité, se trouve aux prises avec des changements récents de sa population, et donc de son profil socio-économique, qui renverse un peu les traditions et les habitudes, renforçant le sentiment d’insécurité.

Il n'empêche, nous trouvons que c'est vachement sympathique, par ici...